Depuis le XIIIe siècle, le terrain sur lequel s'établit l'actuel lycée Montesquieu n'a cessé de subir des transformations (exploitations et jardins, échoppes, fontaine, maison de santé, etc.) avant de devenir un établissement scolaire à part entière prenant bien plus tard la dimension d'un lycée.
Le plantier de Figeyrols
Le terrain sur lequel se trouve actuellement le Lycée Montesquieu faisait partie de la “Seigneurie des quinze curés” dans la Sauveté de St-Seurin.
Aménagés entre les XIe et XIIIe siècles, ces terrains prennent le nom, au XVIe siècle, de “Plantier de Figeyrols” : plantés de vignes et de figuiers, arrosés par la fontaine de Figueyraux (à l'emplacement de l'actuelle rue Laroche) qui alimentait un lavoir (à l'emplacement de l'actuelle place du Lavoir). Ils s'inscrivaient dans un paysage de chemins semi-urbanisés parsemés de nombreux jardins et de petites exploitations.
Au XVIIIe siècle, le domaine subit d'importantes transformations : une série d'échoppes sont construites le long de la rue Figueyraux. En 1819, une nouvelle vente du domaine permet d'établir un état des lieux : l'îlot comprend alors une « maison située dans le quartier de Figueyraux, formant l'encoignure où se rejoignent la rue Chapelier et la rue des Noyers [l'actuelle rue David Johnston] ». La vente comprend également « le jardin, la fontaine, la salle de danse, les autres objets attenant à ladite maison, tels qu'ils sont jouis et affermés par le nommé Castro, jardinier pépiniériste et la veuve Baillot ».
La maison de santé Longchamps
Le domaine est vendu à Antoine-Anatole-Paul Delmas, docteur en médecine, qui devient le fondateur de l'établissement hydrothérapique de la maison de santé Longchamps. L'ensemble, dont la superficie totale atteignait 8 607 m², comprenait :
- un hôtel élevé sur sous-sol et rez-de-chaussée, de deux étages supérieurs avec mansardes (en façade de la rue Lagrange),
- un établissement d'hydrothérapie,
- des dépendances diverses.
Le docteur Delmas vend à la ville de Bordeaux les terrains qui servaient à l'exploitation du centre d'hydrothérapie de la place Longchamps qui, en 1873, s'appelait encore place du Jardin des Plantes. Le prix de vente est fixé à la somme de 675 000 francs, et les conditions de cette vente sont arrêtées ainsi qu'il suit : la ville pourra jouir de l'immeuble entier qui lui sera livré le 10 juin 1901. Ce lycée devra recevoir à la fois des élèves externes et des élèves demi-pensionnaires.
L'annexe de Longchamps
Depuis longtemps, l'administration se préoccupe de l'augmentation croissante des effectifs du lycée de garçons du cours Victor Hugo (l'actuel Lycée Montaigne) et de l'éloignement où il se trouve des points extrêmes de la ville. Aussi, un courant d'opinion se manifeste dans le sens de la création d'une annexe à établir.
L'ouverture de l'annexe de Longchamps est autorisée par décret du 4 septembre 1901 et la rentrée pour les classes enfantines a lieu en octobre 1901. La nouvelle organisation de l'enseignement secondaire comprend 4 sections mais il faut un plus grand nombre de classes. Aussi, par sa délibération du 28 juillet 1905, le Conseil municipal de Bordeaux substitue un lycée du 1er cycle au lycée de plein exercice qui avait été prévu pour Longchamps. Les plans primitifs sont ainsi modifiés et approuvés par le recteur au nom du ministre, le 2 octobre 1906. Les élèves feront donc à Longchamps leurs études jusqu'à la classe de troisième inclusivement et ils termineront ensuite au lycée du cours Victor Hugo.
La dimension d'un lycée
Le 17 novembre 1911, vu l'augmentation de l'effectif des élèves du lycée, on aménage deux nouvelles classes et de nombreux travaux sont entrepris : transplantation de 18 platanes, remblayage et nivellement de la cour de récréation, aménagement de caves, construction de cuisines et de réfectoires au rez-de-chaussée… Le Conseil municipal, le 2 mai 1924, a approuvé les propositions concernant l'éclairage au gaz et à l'électricité, ainsi que celle du chauffage central.
Quinze classes de la 6e à la 10e, une classe enfantine, un jardin d'enfants, cinq études, une permanence, une bibliothèque, deux réfectoires et une salle de réunion sont créés. À partir de l’année scolaire 1928/1929, Longchamps prend la dimension d'un lycée à part entière. Il compte une classe de 1re en 1930/1931, une classe de Français, une classe de Mathématiques. Alors qu'en 1929, il y avait 500 élèves, en 1938, l'effectif est de 1 250 élèves. Toutefois, l'établissement restera l'annexe du lycée Michel Montaigne jusqu'en 1946.
L'identité du lycée Montesquieu
Autonome par décret ministériel du 25 octobre 1946, il s’appelle lycée Longchamps, du nom de la place où il se situe. Il a également une annexe jusqu'au 16 octobre 1958, le petit lycée de Talence. L'arrêté ministériel du 12 mars 1948 autorise le lycée à prendre le nom de “lycée Montesquieu”, dans le cadre de manifestations organisées par la ville de Bordeaux à l'occasion du 2e centenaire de “l'Esprit des Lois”. Il faut noter que le nom de Montesquieu avait été choisi pendant la seconde guerre mondiale pour l'ancien établissement “Mon-denard” et le nom de “Camille Jullian” lui fut finalement préféré.
Le lycée Montesquieu fut rénové en 1976 et a vu au cours des ans la création d'un gymnase, d'un centre de documentation et d’information vaste et fonctionnel, d'une salle polyvalente (spectacles et conférences) à l'annexe située à 400 mètres environ de l'établissement, dans l'ancien CES Montgolfier. En 1960, les classes primaires ont été supprimées et le 1er cycle disparaîtra du lycée Montesquieu à la rentrée 1975. La mixité date de la rentrée 1971. Actuellement, l'établissement compte environ 1 000 élèves, 100 professeurs, 6 surveillants d'externat, 18 fonctionnaires de service et de laboratoire, 5 secrétaires, 2 conseillers d'orientation, 3 documentalistes, des assistants étrangers, 5 assistants d'éducation et 8 membres du personnel de direction, d'éducation et d'intendance.
— D'après la brochure du lycée Montesquieu datant de 1985, conçue et réalisée à cette époque par un groupe d'élèves de Seconde du Lycée avec l'aide du club photo du Foyer des élèves, des archives municipales de Bordeaux, des archives départementales et de la bibliothèque municipale de Bordeaux, de la commission d'action culturelle du rectorat, de la région Aquitaine et de la communauté urbaine de Bordeaux.